Mathilde souhaite également passer son DE – Diplôme d’État – pour enseigner le cyclisme sur piste

Un virage à 180° : du basket à la piste

 

Arrivée du basket-ball où elle évoluait au pôle espoir d'Aix-en-Provence, c'est par une situation fortuite que Mathilde Gros a opté pour le cyclisme sur piste. Alors qu'est présent le pôle France de BMX à Aix, elle s'essaie à un test de capteur de puissance sur un wattbike (vélo d'intérieur) pour un exercice physique. Mathilde y affiche des données impressionnantes pour une novice de la discipline à son âge. De là débute son histoire avec le cyclisme sur piste !
La suite ? C'est une mise en relation avec la Fédération Française de Cyclisme (FFC) qui la convie pour une série de tests au printemps 2014 alors qu'elle n'a que 15 ans. Elle y confirme alors tout le potentiel décelé quelques semaines plus tôt. Mathilde rejoint ainsi l'INSEP – Institut National du Sport de l'Expertise et de la Performance – où elle chute à l'entraînement dès son 1er jour. Elle met près d'un mois à remonter sur un vélo non sans appréhension pour la piste. Il faut dire que dans un vélodrome construit avec des virages inclinés à 43°, il y a de quoi avoir le vertige. Sa 1ère saison se passe non sans embuches et sans échardes, où Mathilde chute plusieurs fois à l'entraînement et ne trouve que peu de plaisir dans la discipline au point d'envisager d'arrêter la piste début 2015. Arrivée dans ce milieu par un concours de circonstances, c'est par la compétition que Mathilde trouve son salut et prend goût à la discipline en signant une victoire au championnat de France Juniors sur l'épreuve du 500m. De là s'en suit une série de records chez les Juniors et des performances très prometteuses sur les épreuves de sprint : 500m* – vitesse individuelle* – keirin*.

 

  • 500m : épreuve sous la forme d'un contre-la-montre individuel avec départ arrêté où deux athlètes courent simultanément de part et d’autre de la piste.
  • Vitesse individuelle : qualifications en contre-la-montre puis épreuves en confrontation 1 vs 1 sur 3 tours de piste où les coureurs se départagent en 2 manches gagnantes.
  • Keirin : après avoir été lancé par un meneur à vélomoteur, un groupe de coureurs – 6 aux JO – s’affrontent sur 3 tours de piste.

Des prémices de l'INSEP à un statut international

 

En 2017, Mathilde décroche 6 titres nationaux en réalisant l'exploit de faire le triplé : 500 m – vitesse individuelle – keirin, à la fois chez les Juniors et en Élite. De même sur la scène internationale où elle réalise le triplé chez les Juniors sur ces mêmes épreuves de sprint aux championnats d'Europe au Portugal et en revêtant à trois reprises la tunique arc-en-ciel de championne du monde Junior en Italie. Depuis, elle confirme chez les Élite et glane un premier titre continental en keirin en 2018 en Écosse et en 2019 aux Pays-Bas. Cette même saison, Mathilde obtient sa première médaille mondiale chez les Élites en finissant 3ème de la vitesse individuelle en Pologne. Dès que les compétitions internationales ne sont pas trop loin de l'Hexagone, elle peut compter sur le soutien de sa famille qui fait le déplacement et qui constitue un pilier majeur dans son quotidien et dans sa réussite en cyclisme.

 

Depuis qu'elle a quitté l'INSEP, Mathilde s'entraîne dans le resplendissant vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines (78), où siège la FFC et qui sera le théâtre des épreuves de cyclisme sur piste lors des Jeux olympiques de Paris 2024.

Une participation aux JO dans un contexte inédit

 

Depuis mars 2020 et le premier confinement, Mathilde n'a plus eu l'occasion de retourner en compétition à l'international à l'instar de nombreux pistards. Ainsi, la FFC a décidé de ne pas aligner l'équipe de France lors des championnats d'Europe en Bulgarie en novembre dernier et au final, Mathilde n'a pu concourir aux manches de Coupe des Nations et aux championnats du monde prévus à Hong-Kong en avril.

 

C'est donc dans des conditions très particulières que Mathilde prépare ses premiers Jeux olympiques. La pistarde de 22 ans a validé dès 2019 son billet pour Tokyo à la suite de ses performances où elle figure dans le top 8 mondial en keirin et en vitesse individuelle. L'espoir française ne se dit pas favorite de la compétition. Elle voit Tokyo comme un tremplin pour les Jeux à Paris dans 3 ans et se fixe un objectif élevé pour cet été : « J'ai de la chance de participer à des Jeux. Mon but c'est de ramener une médaille ».

 

Elle débutera ses Jeux olympiques le 4 et 5 août avec le keirin – discipline mythique au Japon – avant d'enchaîner avec l'épreuve de vitesse individuelle du 6 au 8 août, date de la cérémonie de clôture des JO. Elle témoigne de sa motivation pour ces deux épreuves : « L'objectif ça va être de tout donner, de prendre de l'expérience, de prendre du plaisir. » avant d'enchaîner « À partir du moment où on est sur la ligne [de départ], toutes les filles ont leur chance de ramener une médaille. Il va falloir que je saisisse ma chance aussi ! »

 

Après un stage de préparation olympique de 2 semaines avec l'équipe de France de cyclisme sur piste à Hyères courant juillet, Mathilde a son vol pour Tokyo le 26 juillet, 3 jours après la cérémonie d'ouverture. L'équipe des pistards logera à 2h30 du village olympique. Bien que ces Jeux se déroulent dans des conditions totalement inédites, Mathilde tente d'y voir du positif en voyant que les restrictions auront un effet barrière avec la pression médiatique.

 

Néanmoins, le cyclisme sur piste peine à obtenir de la notoriété médiatique à l'échelle nationale et n'évolue pas dans le même environnement que le cyclisme sur route. Parmi les différences majeures, les pistards ne sont pas considérés comme « professionnels », ils n'ont ni salaire mensuel, ni de cotisations pour la retraite. Cela est problématique pour envisager l'après-carrière sportive sereinement.

 

Mathilde constate également qu'il n'y a que peu d'infrastructures dans le pays pour démocratiser la discipline et qu'il n'y a que peu de licenciées en France pour un ratio de 85% de garçon et seulement 15% de fille. Elle témoigne : « Quand je faisais du basket, je ne connaissais absolument pas le cyclisme sur piste. À la télé, ça ne passait pas du tout ». Au vu de ses performances et de sa notoriété grandissante, Mathilde souhaite contribuer à l'essor du nombre de licenciées.

l’objectif pour Mathilde est de valider son BBA track SHN d’ici 2023

Ses études à emlyon business school et ses plans de carrière

 

Avec son palmarès, Mathilde est en tête du peloton de la nouvelle génération de pistards, où l'équipe de France qui ira à Tokyo se composera majoritairement de jeunes athlètes. Ce statut lui permet de faire partie depuis 2019 de la FDJ Sport Factory – partenaire des Programmes Sport et SHN emlyon – dispositif de 24 athlètes français.e.s à fort potentiel accompagné.e.s jusqu'à leur prochaine olympiade, où figure des grands noms du sport français comme Kévin Mayer – recordman du monde du décathlon – et Marie Bochet – octuple championne paralympique de ski alpin. C'est grâce à ce dispositif FDJ Sport Factory que Mathilde a pu intégrer emlyon business school à l'instar de Johanne Defay (Surf) et Magda Wiet-Hénin (Taekwondo).

 

Après avoir validé une première année en STAPS, Mathilde est entrée directement en deuxième année du BBA track SHN et s'est très bien intégrée à sa classe où tous les SHN suivent leur scolarité à distance. Elle fait une rétrospective de son année à l'école : « Avant emlyon, je ne connaissais pas du tout ce monde-là. […] Ça a collé tout de suite entre le monde du management et le monde de Sportif de Haut Niveau. Ce sont les mêmes valeurs avec l'esprit de cohésion, de groupe, d'ambition et de leadership ».

 

Mickaël Romezy, Directeur des Programmes Sport et SHN témoigne : « Mathilde a intégré le programme BBA SHN avec tout son dynamisme, son sérieux et sa soif d'apprendre. Tout comme sa précocité sur la piste, elle démontre toute sa volonté de progresser et ses capacités d'adaptation hors du commun au sein de notre formation pour en être un élément moteur. C'est avec une grande fierté que nous l'accompagnons, en lien avec la FDJ Sport Factory. Elle est un exemple à suivre pour tous les jeunes sportifs dans sa maturité de projet de vie, conciliant sport et préparation de sa vie professionnelle future. Nous lui souhaitons le meilleur pour ces Jeux, et les prochains à Paris ! »

 

À terme, l'objectif pour Mathilde est de valider son BBA track SHN d'ici 2023 pour se consacrer pleinement à ses objectifs sportifs lors de la saison olympique menant aux Jeux de Paris 2024. Bien qu'elle soit encore à l'aube de sa carrière et compte aller a minima jusqu'aux JO de Los Angeles en 2028, Mathilde pense à l'après-carrière sportive et se trouve intéressée par les Ressources Humaines où elle envisagerait de rejoindre un grand groupe. Elle souhaite également passer son DE – Diplôme d'État – pour enseigner le cyclisme sur piste et envisage de rester proche de l'écosystème du monde du sport et du monde médiatique, dans la continuité de sa carrière et en lien avec sa personnalité.

 

Et pour se faire, parrainé par Mickaël d'Almeida lors de l'édition 2016 des Étoiles du Sport – partenaire d'emlyon business school – Mathilde a eu l'occasion de tourner la campagne « Le sport a du cœur » aux côtés de très grand.e.s champion.ne.s français.e.s, une opération de promotion pour Les Restos du cœur. Elle témoigne de sa volonté d'avoir un engagement et un impact social : « J'adore tout ce qui est bénévolat. J'ai plusieurs projets après les Jeux : pour la SPA, pour les gens sans abris »

 

Bonne chance à Mathilde pour les Jeux olympiques !