“2 mois après mon arrivée à Hong-Kong, je ne me voyais pas rester.”
“Il y avait trop de décalage entre mes aspirations profondes et ce que j’étais en train d’étudier.”
Deux phrases, pour deux expériences différentes d’étudiants en Global BBA, mais un point commun : celui d’un programme d’échange qui n’a pas tourné comme Thomas (3e année) et Benjamin (4e année) l'imaginaient au départ.

L’échange : passage obligé pour un élément facultatif

Dans le cursus du Global BBA proposé par emlyon business school sur les campus de Saint-Étienne et Paris, l’échange à l’international, programmé la troisième année, n’est pas obligatoire. Les étudiants peuvent choisir l’échange, ou bien les cours et un stage.
Mais 80% d’entre eux choisissent de partir suivre des cours dans une université partenaire.
Une tendance qui est presque devenue une obligation et un dogme, avec une “dimension presque mythologique” selon Myriam Sfar, responsable du Global BBA à Paris. Pour réussir et pour l’ajouter sur son CV, “il faut” être parti en échange. Mais l’expérience de l’échange est loin d’être une formalité ...

Hard landing à Hong-Kong pour Benjamin

“Je connais pas mal d’étudiants qui souhaitent surtout partir avec leurs potes, peu importe l’université d’échange”, indique Benjamin, étudiant en 4e année sur le campus de Paris.
Beaucoup d’étudiants fondent en effet leur choix sur l'aspect “convivial” et géographique.
“J’ai au contraire choisi une université sur des critères d’excellence, ensuite pour un pays dans lequel je n’aurais pas forcément l’occasion d’y revenir facilement”. L’université de Hong-Kong remplit ces deux critères, et Benjamin atterrit donc dans la ville au 7 millions d’habitants en septembre 2018. L'atterrissage est brutal, l’adaptation difficile. Au climat d’abord : avec un taux d'humidité permanent de 80%, une température de 30° à l’intérieur de sa chambre et des gratte-ciels qui se dressent comme des remparts entre les hommes et le ciel, le choc est violent : “J’avais l’impression d’étouffer”, raconte Benjamin.

Hong-Kong

Photo by Rikki Chan on Unsplash

Un choc culturel également, dans un pays où la compétition est partout présente : “les étudiants à l’université ne travaillent pas du tout comme en Europe. Ils vont très peu en cours et passent leur temps à travailler à la bibliothèque. Ils arrivent à 7h et repartent à 22h.” raconte Benjamin. Amphithéâtres vides mais bibliothèques bondées, et 7 millions d’habitants qui veulent tous devenir “les meilleurs” : une culture dure à appréhender pour Benjamin : “Là-bas, c’est marche ou crève”.

Révélation à Montevideo pour Thomas

Souvent vécu par des touristes ou expatriés, le choc culturel vient souvent du trop grand décalage de cultures, mais aussi entre l’image qu’on se projette d’une expérience et la réalité vécue. C’est aussi ce qu’a vécu Thomas en arrivant pour son semestre d’échange à Montevideo, en Uruguay “J’avais déjà voyagé en Amérique du Sud. J’avais envie d’y retourner car j’avais adoré le mélange des cultures, la diversité et l’aspect coloré des pays que j’avais visité”. Mais en Uruguay, 90% de la population est issue de l’immigration européenne, et la culture est très différente des autres pays que Thomas avait visité : Panama, Bolivie, Pérou, Chili...”Je suis venu avec mes clichés”, confesse-t-il. Pour Thomas, les études à Montevideo se passent bien, mais il ressent rapidement un décalage trop important entre ce qu’il apprend et ce à quoi il aspire : “Je ne pouvais plus suivre des cours de marketing, c’était trop éloigné de ce que je voulais faire”. Car Thomas rêve d’aventure, de déserts et de montagnes. Il termine malgré tout son échange, mais demande à la fin de la troisième année son redoublement et décide de passer sa troisième année en double diplôme emlyon business school - école W, une école de journalisme nouvelle génération à Paris. Un moyen d’accéder avec ses aspirations : “J’ai toujours rêvé d’être à mi-chemin entre l'explorateur et le journalisme.”

Thomas, étudiant du Global BBA

Thomas durant sa traversée de la Patagonie sans argent

Traversée du Salar d'Atacama et d'Uyuni à pied, en solitaire et en totale autonomie, traversée de la Patagonie sans argent, et tout récemment ascension du volcan Villarrica au Chili... Des challenges physiques mais aussi des épreuves initiatiques, qui permettent à Thomas de mieux se connaître et confirment sa passion pour l’aventure.

Pourquoi partir ?

Benjamin durant son échange à Hong-Kong

A les écouter parler de leur expérience, on comprend vite que Benjamin et Thomas n’ont pas fait les choix les plus faciles pour leur échange. Peut-être par volonté de se challenger et de ne pas choisir la voie la plus facile ? L’échange est en effet souvent présenté comme un moyen de découvrir d’autres contextes et d’autres cultures, mais aussi comme moyen de sortir de se construire ou de se révéler. C’est en tout cas cette transformation qu’ont vécue Benjamin et Thomas.

 

“On part pour la langue et la destination, mais on ne sait pas forcément si c’est le bon moment et le bon contexte pour faire cela”, analyse Thomas. Un constat partagé par Benjamin, qui avait également fait son choix pour l’université, mais qui a découvert en arrivant qu’il s’était inscrit à des cours pour lesquels il n’avait pas forcément les pré-requis.

Benjamin durant son échange à Hong-Kong

Sans carapace, plus résilient

Thomas, Etudiant du Global BBA

Découverte du monde, découverte de soi (photo de Thomas durant sa traversée du Salar d’Uyuni à pied, en solitaire et en totale autonomie)

Quand il n’est pas fait dans un pays proche et dans un environnement culturel familier, le semestre d’échange pose en réalité la question de l'inattendu et de ses corollaires : la difficulté et l’incompréhension dans un premier temps, l'acceptation dans un second temps, et la résilience comme résolution.
“Je m’étais construit une carapace. Mon expérience à Hong-Kong l’a détruite.” Mais sans carapace, Benjamin est-il plus fragile ? Assurément, non, et il le dit parfaitement : “J’ai pu accepter que dans certaines situations, il y a des choses que tu ne peux pas contrôler. Cela permet en réalité de mieux pouvoir gérer ces situations.” Aujourd'hui, Benjamin a un projet en tête lié à la blockchain, qui lui tient à coeur.
Thomas, quant à lui, a pour modèle des formes atypiques d’entrepreneurs aventuriers, qui montent des expéditions et vendent ensuite des ouvrages, films ou conférences. Une manière pour lui de mettre au service de sa passion ce qu’il a appris durant le BBA, comme un trait d’union, et un sens retrouvé.

Un BBA à terminer, des projets et des idées plein la tête, Thomas et Benjamin nous montrent, au final, que la découverte d’un autre pays et d’une autre culture cachent une découverte plus déconcertante mais aussi souvent plus déterminante et structurante : la découverte de soi-même, de ce que l’on est profondément, et de ce à quoi on aspire.